Vous êtes en entretien d’embauche pour un poste en Suisse, forcément un peu nerveux mais la discussion a pris une assez bonne tournure, et vous ne vous en êtes pas trop mal sorti jusqu’ici. Le recruteur vous demande subitement : “parlez-moi de vos échecs“. C’est alors qu’un énorme “warning” s’allume dans votre cerveau, et vous indique que vous rentrez dans une zone où le terrain est probablement miné.
Vous prenez un coup de chaud, commencez à perdre vos moyens… et c’est bien dommage car c’est probablement le bon moment pour faire la différence, pour autant que vous ayez les bons réflexes et la bonne préparation.
L’échec est en général perçu négativement…
Que vous soyez salarié, étudiant, chercheur d’emploi, chef d’entreprise ou parent au foyer, un échec est rarement perçu positivement. Dans la plupart de nos contrées européenne, on parle peu de ses échecs, et on en fait encore moins la promotion. L’échec est clairement un sujet tabou, qui renvoie des images et messages négatifs qu’on n’a d’ailleurs rarement envie d’aborder dans une recherche d’emploi en Suisse ou ailleurs.
Or, un recruteur à avant tout besoin d’être rassuré, notamment sur le fait que vous êtes le bon candidat, et il se doute bien que des échecs, vous en avez probablement connu. Donc en général quand le sujet est abordé, les candidats se liquéfient, perdent leurs moyens, esquivent ou racontent plus ou moins les mêmes histoires. Je vous propose de prendre le contrepied de cette tendance avec ces quelques suggestions sur la manière de parler de ses échecs.
#1. Insister davantage sur les conséquences tirées de cet échec plutôt que sur l’échec lui-même
En vous demandant de lui parler de votre pire échec, le recruteur ne veut pas vous piéger mais probablement vous déstabiliser un peu et voir comment vous allez argumenter. La meilleure des postures consiste à expliquer clairement ce que vous avez tiré de cet échec : vous avez amélioré votre manière de communiquer, vous avez amélioré votre organisation personnelle, vous avez suivi une formation pour vous perfectionner sur tel ou tel sujet…
Cette attitude rassurera votre interlocuteur sur votre capacité à prendre du recul et agir. Toutefois, cela implique qu’il faut préalablement avoir fait un travail de préparation et identifié ce que vous ou vos interlocuteurs pourraient considérer comme des échecs.
#2. Jouer la carte de la transparence
Il vaut mieux explicitement parler d’un échec plutôt que de tenter de le cacher ou de le nier : si vous avez préalablement identifié vos échecs et trouvé une explication objective et honnête, le recruteur pourra l’entendre. Il aura en revanche beaucoup plus de mal avec un candidat qui campe sur ses positions et, en quelque sorte, refuse d’admettre qu’il y a eu un échec.
En revanche, on peut estimer objectivement qu’il y a des situations plus ou moins graves, et si votre responsabilité est clairement engagée, s’il est possible de ne pas le mentionner, et selon vous, sans qu’on puisse réellement l’apprendre, il vaut mieux à ce moment éviter de le mentionner, et en tous les cas ne pas le mentionner spontanément.
#3. Parler spontanément d’un échec
Les professionnels du recrutement sont des professionnels du comportement : ils savent en général repérer un sujet qui met mal à l’aise un candidat. Si en entretien votre interlocuteur repère quelque chose qui “cloche”, il va naturellement chercher à creuser. Alors il peut être dans certains cas payant de parler spontanément d’un échec : non seulement cette attitude le changera du comportement de 95% des candidats qui n’ont jamais connu d’échec (…), mais en plus cela vous permettra de libérer la discussion pour parler d’autre chose.
Ici, il est important d’appliquer le conseil #1., et d’être capable d’expliquer et de rassurer. Certes, il ne faut commencer la discussion par cet échec, mais si dans le fil de la discussion, il paraît évident qu’il y a eu échec, un bon aveu reste mieux qu’une mauvaise dissimulation. C’est une question de jugement.
#4. Ne jamais renvoyer la faute aux autres ou à la malchance
Dans une situation d’échec, il y a en général plusieurs facteurs qui l’expliquent : des facteurs extérieurs et des facteurs qui vous sont propres. Dans vos explications, contentez-vous de mentionner ce qui relève de votre responsabilité. Votre ancien employeur était un tyran, vous avez craqué et avez été remercié ?
Le recruteur n’a pas besoin de le savoir, mais vous devrez lui donner quelques explications sur la part de responsabilité que vous prenez à la situation. Enfin, dans certains cas, la conjoncture peut être responsable en grande partie d’une situation d’échec (par exemple, un licenciement peut être la conséquence d’une dégradation de la situation économique d’un secteur d’activité ou d’un pays) : inutile dans ce cas de se couvrir de cendres, le recruteur entendra cette explication.
#5. Éviter de prononcer le mot “échec”
Un échec reste malgré tout une notion très subjective : ce qui semble un échec pour les uns ne le sera pas pour les autres. Quoi qu’il en soit, nous vous conseillons de ne jamais prononcer vous même le terme “échec” en entretien : cela paraît un peu simpliste, mais ce mot fait partie des mots qu’il faut éviter de prononcer, sous peine d’orienter négativement la discussion.
Vous parlerez plus volontiers de “situation”, “d’événement”, ou encore de “moment particulier de votre expérience professionnelle”. Personne ne sera dupe, mais au moins il y aura les formes. Évitez également de rester trop longtemps dans la discussion sur un échec, détournez quand vous le pouvez la conversation sur un sujet plus positif.
#6. Demandez au recruteur quelle est la philosophie de l’entreprise face à l’échec
L’entreprise encourage-t-elle l’échec (et donc la prise de risque des salariés) ou bien au contraire la sanctionne-t-elle ? Il pourrait paraître incongru de poser une telle question à un recruteur, mais après tout, pourquoi pas. Surtout, cette question est, à mon sens, à poser dans le cas où dans la discussion il est apparu clairement que vous avez essuyé un échec, ce qui vous permettra peut-être d’équilibrer un peu les rapports de force. Autant certaines entreprises sont particulièrement loin de la prise de risque, autant certaines seront très à l’aise avec. A vous donc de juger si ce recruteur est prêt à entendre cette question.
En conclusion
Les finlandais l’ont compris, en créant la journée nationale de l’échec : l’échec est positif, il contribue à l’innovation, et n’est pas un tabou à leurs yeux. En Suisse, on reste encore très “frileux” sur la notion même de l’échec, sauf peut-être dans certaines multinationales influencées par la culture anglo-saxonne. Et si vous voulez un petit coup de pouce pour votre recherche d’emploi, consultez nos différents services pour la recherche d’emploi en Suisse.
Bonjour, c’est une réalité les expériences de la vie nous rend plus fort que jamais j’aime les défis et allez de lavant.
Bonjour votre approche des questions d’échec lors d’un entretien d’embauche est très intéressante sachant que l’on apprend des échecs pour les transformer en expérience positive dans nos carrières. Merci
Certain-E-s multinationales
Merci !
Blablabla
Où sont les exemples sur lesquels on doit s’inspirer ???
Cher Assis,
Je pense que vous avez assez d’information pour vous prendre en main tout seul. Comme un grand 🙂