La pénurie de spécialistes et de personnel qualifié est au coeur des inquiétudes de bon nombre d’entreprises en Suisse (que ce soient les grandes entreprises ou les PME qui sont respectivement 85% et 66% à déclarer avoir des problèmes recrutement). Aussi, pour analyser plus finement le phénomène de la pénurie, le Secrétariat d’Etat à l’Economie (SECO) a demandé la mise en place d’un système d’analyse de type baromètre permettant d’évaluer les carences du marché du travail en ce domaine, par profession et par secteur.
De manière générale, les entreprises suisses ont plusieurs options (ou pas) pour combler leur manque de main d’oeuvre spécialisée : le recours à la main d’oeuvre étrangère, la formation, ou encore une meilleure exploitation des compétences des seniors. L’étude commandée par le SECO a notamment pour objectif de déterminer, par secteurs, les principales solutions qu’il est possible de mettre en oeuvre pour réduire ou combler cette pénurie.
Il semble difficile de ne pas inscrire cette demande dans le contexte de la mise en oeuvre de la nouvelle loi sur les étrangers qui prévoit de limiter l’immigration en Suisse dans les 3 ans à venir. En clair, avec cette étude, le SECO va probablement pouvoir déterminer finement les secteurs pour lesquels la main d’oeuvre étrangère est incontournable, et les autres. Dans la suite, nous ne rentrerons pas dans le détail des secteurs mais fourniront dans un premier temps une vue d’ensemble de l’étude.
Plus des 2 tiers des secteurs économiques sont concernés par la pénurie
L’étude a regroupé plus de 380 professions types (telles que définies par les nomenclatures statistiques officielles). Pour faciliter l’analyse, ces professions ont été regroupées en 39 classes de professions, qui correspondent en général aux secteurs économiques (et que nous appellerons ainsi dans la suite pour faciliter la lecture).
Sur ces 39 secteurs, les 2/3 incluent au moins une profession qui est déjà en pénurie ou qui risque de le devenir, soit 26 secteurs. Par ailleurs, plus de 35% des actifs en Suisse ont une profession qui est ou sera susceptible de connaître une pénurie de main d’oeuvre, ce qui représente un peu moins de 1,5 millions de personnes. L’étude souligne que les domaines d’activité sont tous très différents.
Les domaines professionnels qui risquent de connaître une pénurie de spécialistes
Mise à part pour les professions du management, on remarque que toutes les professions qui seront en pénurie sont des professions soit techniques, soit qui nécessitent une connaissance particulière (aspects juridiques par exemple). Ce n’est pas forcément une surprise. Toutefois, le domaine “autres professions”, qui regroupe tout de même 23% des cas de pénurie, concerne d’autres domaines qui ne sont eux pas forcément tous techniques.
Les départs à la retraite vont-ils aggraver la pénurie dans les années à venir ?
Cela dépend clairement des secteurs. Par exemple, dans les métiers de la Santé ou de l’enseignement, on remarque un taux relativement important d’actifs de plus de 50 ans (près de 40% dans ces secteurs contre une moyenne de 30% tous secteurs confondus). C’est également le cas pour les métiers du nettoyage, de l’hygiène et des soins corporels. Dans ces secteurs, les départs à la retraite vont aggraver la pénurie.
Pour les autres secteurs touchés par la pénurie de spécialistes, l’étude indique que les départs à la retraite n’aggraveront pas la pénurie, les nouveaux diplômés ainsi que les travailleurs étrangers devant normalement couvrir les besoins liés à la croissance économique.
Les professions les plus touchées par la pénurie nécessitent des qualifications supérieures à la moyenne
Dans 80% des secteurs d’activité susceptible d’avoir une pénurie de spécialistes, la proportion des personnes actives ayant suivi une formation supérieure est supérieure à la moyenne de tous les autres secteurs.
Ce sont dans les secteurs où les métiers nécessitent des qualifications supérieures qu’on retrouve la plus forte pénurie. Par exemple, le taux de diplômés de l’enseignement supérieurs dans les secteurs suivants montre bien l’ampleur du problème :
- Ingénierie : 85%
- Enseignement et formation : 73%
- Informatique : 60%
C’est donc bien dans les domaines nécessitant des qualifications spécifiques ou particulières qu’on manque le plus de spécialistes.
Source : SECO – Système d’indicateurs d’évaluation de la demande en personnel qualifié
Merci pour cette analyse. Mon épouse est actuellement à la recherche d’une formation suisse autour des ‘ressources humaines’, l’idée étant d’actualiser ses connaissances acquises en France jusqu’à présent (formation, gestion de carrières…) et de pouvoir exercer en Suisse. Auriez-vous des suggestions ou des recommendations d’organismes à solliciter ? Grand merci par avance.
Je suis actuellement chef d’équipe en électricité, en France.
Est ce que ce secteur aura besoin de main d’oeuvre qualifiée à l’avenir ?
Connaissant assez bien le marché de l’emploi Suisse je dirai que ce sont surtout des informaticiens “codeurs” qui nous manque en grand quantité. La suisse est le pays qui innove le plus au monde. Chaque année l’arc lémanique sort 50 start up high-tech qui sortent tout droit de l’EPFL, UNIGE (essenitlement biotech et info), UNIL (biotech), CSEM (medtech)… Ces start up sont les plus innovantes d’Europe (sur le dernier concours “first day of tomorow” qui regroupe 1300 start up Européennes a Paris, la gagnante est une spin-off de l’EPFL, sur les 4 autres demi finalistes sélectionnées encore une autre spin off de l’EPFL, 2 Françaises, une UK). La Suisse sort plus de start up high tech que la France (qui a une population 8 fois plus grandes), en plus elle se développe très vite c’est pourquoi on manque cruellement ici d’ingénieurs très qualifiés et surtout des informaticiens.
http://startupticker.ch/en/news/april-2014/g-therapeutics-wins-eur100-000-at-first-day-of-tomorrow#.U3DFr2QyGCg
Je suis tous les jours surpris pour la qualité des start-up qui se créée ici, ça me rappelle la silicon valley.
Bonjour Eric,
Merci pour ce feedback.
Eric,
Je voudrai préciser que Oui la Suisse recrute massivement des Ingénieurs et Informaticiens mais pas n’importe lesquels. Je m’explique. Dans ma boite on a 40% ingénieurs/informaticiens étrangers. Ils viennent tous des grandes écoles d’ingénieurs. Un de Polytechnique Palaiseau(Paris), 2 Centrale/Paris, 1 Suparo, 3 Insa Lyon et 1 polytecnique Milan. Je connais 3 amis ingénieurs qui sont venus de France pour trouver un travail et ils n’ont rien trouvé car ici ils ne prennent que les grandes écoles et eux ont fait une école d’ingénieur moins prestigieuses. Résultat des courses en France ils ont facilement un boulot alors qu’ici n’ont rien trouvé car en Suisse on ne prend que les meilleurs. Pas surprenant que récemment la Suisse a été classé par le BIT comme étant le pays ayant la main d’oeuvre la plus qualifiée du monde. Dans ma boite 1/3 des ingénieurs ont un doctorat. Alors même ne sommes qu’une startup, c’est dire du niveau demandé. Voilà je voulais juste tempérer les ardeurs des ingénieurs/informaticiens Français qui veulent travailler en Suisse. Vous n’avez réellement de chance que si vous êtes très qualifié ou vous venez d’une grande école d’ingénieur (Centrale, Polytechnique…). Insa lyon est assez apprécié aussi.
Bonjour Ben,
Merci pour ce retour d’expérience très intéressant. Que les entreprises suisses veulent les meilleurs, c’est clair, on le sait, elles ont le choix entre de très bons candidats. Pour ma part, je n’ai pas l’impression que les recruteurs que je connais réclament absolument des candidats issus des meilleures écoles françaises. Il n’y a pas forcément de liens j’ai l’impression(du moins pas systématique), et surtout, à partir d’un certain moment, c’est clairement la compétence et l’expérience qui priment. A l’inverse de la France, on n’est pas en Suisse dans un système où le diplôme fait tout. Votre expérience est-elle issue du canton de Genève ? D’un autre canton ?