Emploi en Suisse : 5 choses à savoir avant d’accepter un poste

Le marché de l’emploi suisse attire bon nombre de professionnels étrangers (frontaliers ou résidents) :  les salaires et conditions de travail en Suisse sont en général bons, et bien meilleurs que dans beaucoup de pays d’Europe, et notamment la France. Mais attention de ne pas se faire aveugler et de ne pas oublier au passage quelques caractéristiques du marché du travail suisse souvent mal maîtrisées par les étrangers. Voici une liste (bien sûr non exhaustive) de “choses” à bien avoir en tête au moment de signer son contrat de travail en Suisse.

1. Salaires en Suisse : soyez vigilant

Le réflexe “primaire” des candidats étrangers c’est l’effet “WAOU” quand la proposition de salaire est faite, car en général il sera supérieur – voire très largement supérieur – au salaire qu’ils ont dans un autre pays. Attention, car il faut bien intégrer 2 choses :

1. dans beaucoup de secteurs, il n’y a pas de salaire minimum imposé aux employeurs, et certains en abusent. Certaines sociétés, notamment françaises et britanniques, sont passées maîtres dans l’art de proposer un salaire supérieur aux salaires français ou étrangers, mais très largement inférieur à ce qui se fait sur le marché suisse. C’est ce qu’on appelle le dumping salarial, un véritable fléau.

Alors renseignez-vous bien avant de signer le contrat sur ce que votre profil vaut sur le marché local. Personne ne sera très prompt à vous donner son salaire, mais certains professionnels vous diront volontiers si votre salaire est “in” ou “out”. N’hésitez pas à exploiter LinkedIn par exemple, et notamment les groupes de discussion. Sur ce thème, méfiez-vous en revanche de Facebook, où rodent bon nombre de charlatans prêts à vous proposer n’importe quoi à n’importe quel prix (bien sûr il y a quand même notre page Facebook, que nous contrôlons). Il existe également des ressources gratuites comme les calculateurs de salaire ou les ressources par secteurs et métiers. Vous en trouverez une sélection assez complète sur notre page “le salaire suisse : s’informer pour le calculer au plus juste“.

1. L’assurance santé n’est pas incluse dans le salaire et doit être intégrée en sus. Et ce n’est pas une brindille, puisque pour un travailleur qui vit et habite en Suisse, il faut compter en tous les cas au moins 350 francs suisses pour l’assurance de base (ce montant peut varier selon le niveau de franchise choisi). Si vous souhaitez avoir le statut de frontalier, vous aurez le choix entre la CMU, dont la prime est calculée en fonction de vos revenus, et la LAMal frontalier.

2. Bienvenue dans un monde du travail équilibré

Chez Travailler-en-Suisse.ch, nous pensons que le monde du travail est particulièrement déséquilibré dans certains pays, et notamment la France où les salariés sont très protégés par le droit du travail. En Suisse, nous estimons que les relations sont un peu plus équilibrées compte tenu d’un droit du travail suisse beaucoup moins protecteur (dans certains cas, le déséquilibre est même plutôt à la faveur de l’employeur).

Par exemple, il est tout à fait possible de se faire licencier sans motif, même si c’est loin d’être usuel (sauf dans le cas de certaines entreprises étrangères implantées en Suisse qui confondent parfois la loi et l’esprit de la loi). En clair, en acceptant de travailler dans une entreprise suisse vous acceptez également d’être un peu moins protégé (notamment si vous venez de France). Mais consolez-vous avec la suite : il nous semble préférable d’être moins protégé dans un marché avec un taux de chômage à 3%, qu’être très protégé dans un marché où le taux de chômage dépasse les 10%…

 3. Attendez-vous à des relations de travail très différentes

En Suisse, les relations de travail sont très spécifiques. Impossible en quelques lignes de donner beaucoup de détails, mais voici  quelques situations auxquelles il faut être préparé :

• oubliez votre diplôme, on valorisera davantage chez vous les compétences. Pas étonnant dans un pays où l’apprentissage a une part belle et est valorisé.
• on vous fera confiance, et on vous demandera de faire confiance, notamment à votre chef et votre hiérarchie
• il est déconseillé de râler (notamment, si vous êtes Français, pour ne pas entretenir la terrible réputation de râleurs que nous avons (…))
• il est déconseillé de critiquer son chef, ses collègues ou son entreprise : non seulement c’est très mal vu, les collègues vous le diront eux-même et surtout ici on a coutume de dire que lorsqu’on est insatisfait on s’en va. C’est simple.
• soyez souple : il faut être capable de faire preuve de souplesse et de compréhension, notamment si votre employeur vous demande de faire quelque chose qui n’est a priori pas dans vos attributions habituelles (attention, je ne parle bien sûr pas de choses illégales). Attention quand même aux demandes répétées qui pourraient changer la nature de votre poste.
• le marché suisse est un marché globalement plutôt masculin, où les femmes ont un rôle pas forcément toujours aussi valorisé que celui des hommes (avec de très grosses nuances selon les secteurs, l’un des pires étant probablement le secteur bancaire). Les femmes s’occupent plus volontiers de la maison et des enfants : c’est une idée partagée par pas mal de monde, même si cet état d’esprit disparait petit à petit avec les nouvelles générations.

4. Attention à l’impôt à la source

En Suisse, la plupart des travailleurs étrangers (sauf les frontaliers travaillant hors des cantons de Genève, Argovie et Zurich) payent l’impôt sur le revenu en Suisse et sont prélevés à la source, directement sur le salaire. La France a également fait le pari de l’impôt à la source depuis 2019, et il et vrai que cette pratique a des avantages. En tant qu’étranger, il faut toutefois penser que de votre salaire net sera encore déduit tous les mois l’impôt à la source. Ce n’est en soi pas un problème mais il faut bien l’intégrer dans son budget, notamment pour les personnes ayant les revenus les plus faibles.

5. Il y a un temps pour la discussion et la négociation

En tant qu’étranger, il n’est pas toujours de voir les tenants et aboutissants. De fait, il arrive parfois qu’un étranger ne voient pas les implications de telle ou telle clause du contrat de travail. Si vous avez le moindre doute, posez des questions aux responsable RH ou bien faites-vous accompagner par un avocat.

Concernant les avantages du postes, c’est la même chose : nous en comptons plus les candidats qui nous contactent en nous demandant s’il est possible de rediscuter une clause du contrat ou de demander un avantage. Sachez qu’une fois que le contrat est signé, il vous sera très difficile de faire machine arrière et de réintégrer des avantages que vous n’auriez pas négocié. Non seulement cela ne se fait pas, mais vous passerez pour quelqu’un  de pas très sérieux si vous le faites…

Quelques ressources pratiques pour vous aider :

• Notre page “Salaire suisse” qui reprend tout ce qu’il faut savoir sur le sujet
• Notre outil de calcul du salaire net en Suisse : à partir du salaire brut, nous vous donnons une idée de votre salaire net (mais ne tenons pas compte de l’impôts à la source)